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Composer avec l’usure de compassion : Un guide pour le personnel de la sécurité publique

La fatigue compassionnelle est un épuisement émotionnel dû à l'exposition répétée au traumatisme d'autrui, et sa gestion est vitale pour le bien-être et l'efficacité du personnel de sécurité publique.

L’usure de compassion, une forme d’épuisement émotionnel causé par une exposition prolongée aux traumatismes et à la souffrance, est ressentie par de nombreux membres du personnel de sécurité publique (« les PSP »). Il est essentiel de comprendre l’usure de compassion et de savoir comment la gérer efficacement pour préserver sa santé mentale et continuer à servir efficacement. 

Qu’est-ce que l’usure de compassion? 

L’usure de compassion survient lorsque la charge émotionnelle liée à l’aide apportée à d’autres personnes en détresse dépasse votre capacité à y faire face. L’usure de compassion est différente de l’épuisement professionnel, qui est généralement lié au stress causé par des facteurs organisationnels tels que la charge de travail et l’environnement de travail. Lorsque vous êtes témoin d’événements traumatisants ou que vous en entendez parler de manière répétée, vous pouvez ressentir un engourdissement émotionnel, de l’irritabilité et une capacité réduite à faire preuve d’empathie. Au fil du temps, cela peut conduire à un désengagement de votre travail et de votre vie personnelle, ce qui peut affecter votre bien-être et votre rendement. L’usure de compassion est souvent décrite comme le « coût de l’attention » et survient lorsque l’empathie et la compassion deviennent excessives.  

Cause : L’exposition continue à la douleur et à la souffrance d’autrui, sans temps de récupération suffisant pour prendre soin de soi, entraîne un épuisement de l’énergie émotionnelle. Il s’agit souvent d’un sous-produit des exigences liées à la prestation de soins ou à la protection du public. 

Usure de compassion 
Signes et symptômes :  

  • Sentiment d’accablement, de désespoir, de détresse ou d’impuissance en entendant parler de la souffrance d’autrui 

  • Sentiments de colère, d’irritabilité, de tristesse et d’anxiété 

  • Sentiment de détachement par rapport à l’environnement ou à l’expérience physique ou émotionnelle 

  • Sentiment d’épuisement émotionnel, psychologique ou physique 

  • Nausées, vertiges, maux de tête 

  • Diminution de l’empathie ou sentiment d’insensibilité 

  • Hypersensibilité ou insensibilité aux histoires que l’on entend 

  • Tolérance limitée au stress 

  • Isolement et repli sur soi 

  • Conflit relationnel 

  • Sentiment d’être moins efficace ou moins productif au travail 

  • Diminution du plaisir dans les activités  

  • Difficultés à dormir et cauchemars 

  • Difficultés à se concentrer ou à prendre des décisions 

  • Augmentation de la consommation de substances 

Stratégies d’adaptation à l’usure de compassion 

  1. Accordez la priorité à la prise en charge de soi : Il est essentiel de prendre soin de soi pour maintenir sa résilience émotionnelle. Il s’agit notamment de faire régulièrement de l’exercice, de pratiquer la pleine conscience et de s’assurer que vous vous reposez suffisamment. Prenez le temps de vous adonner à des activités que vous aimez en dehors du travail afin de donner un répit à votre corps et à votre esprit. Même des habitudes simples comme bien manger, s’hydrater et dormir suffisamment peuvent contribuer à prévenir l’épuisement émotionnel. Créez une zone tampon entre le travail et la maison; un rituel comme enlever votre uniforme, aller faire un tour en voiture et vous éloigner (physiquement et émotionnellement) du lieu de travail peut vous aider à vous reconnecter avec vous-même et votre famille lorsque la journée de travail est terminée.  

  1. Appuyez-vous sur votre réseau de soutien : Il est important d’échanger avec d’autres personnes qui comprennent les défis auxquels vous êtes confronté. Parler avec des membres de la famille, des amis ou des collègues qui ont vécu des expériences similaires peut apporter un soulagement émotionnel et prévenir le sentiment d’isolement. Comprenez que l’usure de la compassion n’est pas une faiblesse et qu’elle peut être ressentie par toute personne exerçant une profession d’aide. Les groupes de soutien par les pairs, formels ou informels, peuvent offrir un espace pour partager les difficultés et les stratégies d’adaptation.  

  1. Recherchez un soutien professionnel : N’hésitez pas à faire appel à un conseiller professionnel ou à suivre une thérapie si vous vous sentez dépassé. Les professionnels de la santé mentale spécialisés dans les traumatismes et les PSP peuvent vous aider à surmonter les difficultés émotionnelles liées à votre travail. La thérapie peut fournir des outils pour gérer le stress, développer des stratégies d’adaptation et surmonter les sentiments associés à l’usure de compassion. La thérapie cognitivo-comportementale (TCC) et les pratiques de pleine conscience peuvent s’avérer particulièrement efficaces pour faire face à l’impact émotionnel de l’exposition aux traumatismes. 

Ce qu’il faut garder à l’esprit 

  • Reconnaître rapidement les signes 
    Notez les signes de l’usure de compassion avant qu’elle ne devienne ingérable. Soyez attentif aux symptômes tels que l’engourdissement émotionnel, l’irritabilité, les difficultés de concentration et un sentiment de détachement par rapport à votre travail. L’usure de compassion a tendance à se manifester de manière aiguë, mais elle est souvent réversible si l’on prend soin de soi, si l’on se repose et si l’on se fixe des limites. 

  • En parler 
    L’un des principaux obstacles à la gestion de l’usure de compassion est la stigmatisation de la santé mentale dans les professions très stressantes. Cherchez à obtenir le soutien de vos pairs et rapprochez-vous de personnes en qui vous avez confiance. Les organisations jouent également un rôle crucial dans la normalisation de l’expérience de l’usure de compassion, en créant des environnements de travail favorables qui encouragent les gens à parler de ce qui s’est passé au travail, et en améliorant l’accès au soutien et aux ressources. Ces mesures peuvent en fin de compte réduire l’usure de compassion au niveau de l’organisation et améliorer la satisfaction de compassion, c’est-à-dire le plaisir que l’on retire d’aider les autres, du travail avec les collègues et de l’altruisme.  

  • Fixer des limites et prendre du temps libre 
    Les fonctions de sécurité publique exigent souvent des horaires longs et irréguliers, et il peut être difficile de trouver le temps de se ressourcer. Cependant, il est essentiel de fixer des limites claires en ce qui concerne le temps de travail et le temps personnel. Prenez des pauses, si possible, utilisez vos vacances, minimisez les heures supplémentaires si vous le pouvez, et assurez-vous de passer du temps loin des facteurs de stress du travail. Votre santé mentale doit être une priorité pour que vous puissiez continuer à faire le travail important qui est le vôtre. Fixez des limites émotionnelles saines afin de maintenir la compassion et l’empathie, sans pour autant absorber la douleur ou la tragédie de quelqu’un d’autre.  

Ressources  

Références 

Badge of Life Canada. (s.d.). « Peer support » [Soutien par les pairs]. Badge of Life Canada. Consulté le 28 avril 2025 au https://badgeoflifecanada.org/peer-support/?doing_wp_cron=1745519340.7354431152343750000000 

Boots on the Ground. (s.d.). Page d’accueil. Boots on the Ground. Consulté le 28 avril 2025 sur le site https://www.bootsontheground.ca/ 

Bride, B. E. (2007). « Prevalence of secondary trauma stress among social workers » [Prévalence du stress traumatique secondaire chez les travailleurs sociaux]. Social Work, 52(1), 63-70. https://doi.org/10.xxxx  

Centre for Addiction and Mental Health . (24 mai 2023). « Is there a cost to protecting, caring for, and saving others? Beware of compassion fatigue » [Y a-t-il un coût à la protection, aux soins et au sauvetage d’autrui? Attention à l’usure de compassion]. Centre for Addiction and Mental Health. Consulté le 28 avril 2025 au : https://www.camh.ca/en/camh-news-and-stories/is-there-a-cost-to-protecting-caring-for-and-saving-others-beware-of-compassion-fatigue 

Figley, C. R. (1995). « Compassion fatigue : Coping with secondary traumatic stress disorder in those who treat the traumatized » [L’usure de compassion : Composer avec l’état de stress traumatique secondaire chez ceux qui traitent les personnes traumatisées]. Brunner/Mazel

McFadden, M. et Vane, A. (2014). « Compassion fatigue and secondary trauma in emergency responders: A review of literature » [L’usure de compassion et le traumatisme secondaire chez les intervenants d’urgence : Une revue de la littérature . Journal of Emergency Medical Services, 39(8), 20-29.