Bouger avec soin : Activité physique basée sur les traumatismes pour le personnel de la sécurité publique
Le personnel de la sécurité publique bénéficie d’une activité physique adaptée au traumatisme, qui favorise la santé mentale en offrant un environnement de mouvement sécurisant, flexible et respectueux de l’impact du traumatisme.
Le personnel de sécurité publique (PSP) porte souvent plus que le poids de son équipement. Les exigences physiques de l’emploi vont de pair avec le fardeau émotionnel que représente le travail dans des environnements très stressants et à haut risque. L’exposition répétée à des événements traumatisants peut entraîner des traumatismes liés au stress professionnel (TSO), notamment l’anxiété, la dépression et le trouble de stress post-traumatique (TSPT).
En fait, Carleton et al. (2018) ont constaté qu’environ 44,5 % des membres du PSP présentent des symptômes correspondant au moins à un trouble mental, un taux nettement plus élevé que celui de la population générale, qui est de 10,1 %.
L’activité physique est un outil puissant pour le bien-être mental et physique - mais pour le PSP, elle doit tenir compte des traumatismes, en particulier lorsque ces traumatismes affectent le rapport au corps ou à l’environnement.
Qu’est-ce que l’activité physique tenant compte des traumatismes ?
L’activité physique tenant compte des traumatismes est une approche qui reconnaît la prévalence et l’impact des traumatismes sur le corps et l’esprit (Darroch et al., 2020). Elle crée intentionnellement un environnement sûr, favorable et responsabilisant qui aide les individus à se reconnecter à leur corps d’une manière qui les rassure plutôt que de les provoquer ou de les accabler.
Pour le PSP, cela signifie plus qu’une simple séance d’entraînement - cela peut devenir un outil pour favoriser la confiance, offrir des choix et promouvoir un sentiment de contrôle.
Pourquoi les membres du PSP doivent-ils adopter une approche fondée sur les traumatismes ?
Il est particulièrement important que le PSP utilise une approche tenant compte des traumatismes, car souvent, le PSP :
Travaille dans des environnements chargés d’adrénaline qui sollicitent à la fois le système nerveux et le corps.
Supprime les réactions émotionnelles aux incidents traumatisants pour fonctionner professionnellement.
Présente de l’hypervigilance, de la fatigue, un sommeil perturbé et des blessures physiques.
Fait face à la stigmatisation liée à la vulnérabilité, ce qui peut rendre plus difficile la recherche d’un soutien.
Une approche tenant compte des traumatismes respecte ces réalités et donne la priorité à la sécurité psychologique et à l’autonomie corporelle dans le mouvement.
Principes clés de l’activité physique tenant compte des traumatismes pour le PSP
Sécurité : Que vous vous entraîniez au gymnase, à la maison ou en service, optez pour des environnements et des routines qui vous semblent physiquement et émotionnellement sûrs. Il peut s’agir de choisir des espaces plus calmes, de prendre plus de temps pour vous échauffer ou de sauter les exercices qui vous paraissent trop difficiles. Le fait de se sentir en sécurité dans son corps et dans son environnement constitue la base d’un mouvement significatif.
Soyez à l’écoute de vos besoins : En tant que membre du PSP, vous avez peut-être l’habitude de résister à l’inconfort, mais l’activité physique n’a pas toujours a être intense ou punitive. Faites le point avec vous-même régulièrement : Comment vais-je aujourd’hui ? De quoi mon corps a-t-il besoin ? Remplacer l’autocritique par la patience et le respect de soi vous aide à rester connecté et à éviter l’épuisement.
Modifications et adaptations : Chaque période de travail est différente, tout comme chaque séance d’entraînement. Donnez-vous la permission de vous adapter. Si vous êtes fatigué après un quart de nuit, optez pour des exercices de mobilité ou un entraînement cardiovasculaire léger. Si votre corps se sent prêt, optez pour l’intensité. Le mouvement tenant compte des traumatismes honore la situation dans laquelle vous vous trouvez, et non celle dans laquelle vous « devriez » vous trouver.
Conscience et introspection : Profitez de votre séance d’entraînement pour faire le point et non pour vous retirer. Qu’il s’agisse d’un simple étirement ou d’une séance d’entraînement complète, remarquez ce qui se passe physiquement et émotionnellement. Êtes-vous tendu ? Votre respiration est-elle superficielle ? Ce type de prise de conscience peut favoriser l’évacuation du stress et la régulation des émotions, deux éléments essentiels dans les professions à forte demande.
Activité physique tenant compte des traumatismes : ce que c’est et et ce que ce n’est pas.
C’EST | CE N’EST PAS |
Un environnement sûr, basé sur le choix | Une séance d’entraînement compétitive ou sous haute pression
|
Encourager les pauses et les modifications
| La mentalité que l’exercice doit être douloureux pour être efficace |
Mettre l’accent sur l’enracinement, la respiration et la présence
Instaurer la confiance par la cohérence et la prévisibilité
| Se concentrer uniquement sur la performance ou l’esthétique
Imprévisibilité ou changements brusques d’intensité |
Soutenir l’autonomie et la sécurité émotionnelle
| Ignorer les signes d’inconfort ou d’émotion |
Respecter les limitations physiques et l’expérience vécue
| Obliger à l’uniformité ou à des schémas de mouvement rigides. |
Le mouvement en tant que médecine, délivré avec soin
L’activité physique reste l’un des moyens les plus efficaces et les plus accessibles pour soutenir la santé mentale et le rétablissement après un traumatisme. Pour le PSP, l’intégration de principes tenant compte des traumatismes dans le mouvement n’est pas seulement utile, elle est nécessaire.
Lorsque vous bougez avec soin, vous ne vous contentez pas de renforcer votre corps, vous vous reconnectez à vous-même, vous retrouvez votre bien-être et vous continuez à servir les autres sans sacrifier votre propre santé.
Références :
Carleton, R. N., Afifi, T. O., Turner, S., Taillieu, T., LeBouthillier, D. M., Duranceau, S., & Ricciardelli, R. (2018). Mental disorder symptoms among public safety personnel in Canada. The Canadian Journal of Psychiatry, 63(1), 54–64. https://doi.org/10.1177/0706743717723825
Darroch, F. E., Roett, C., Varcoe, C., Oliffe, J. L., & Gonzalez Montaner, G. (2020). Trauma-informed approaches to physical activity: A scoping study. Complementary Therapies in Clinical Practice, 41, 101224. https://doi.org/10.1016/j.ctcp.2020.101224