Quand une commotion mène à la dépression
Un traumatisme crânien léger peut affecter bien plus que la mémoire—il peut aussi nuire à votre humeur. Un traitement précoce peut faire toute la différence.
Les commotions cérébrales sont fréquentes et, jusqu’à tout récemment, elles étaient considérées comme étant des événements mineurs. La recherche révèle maintenant que les commotions cérébrales, même mineures, peuvent avoir des effets durables sur la santé du cerveau, y compris la santé mentale. Lorsque les commotions cérébrales se répètent ou ne sont pas traitées, elles peuvent perturber le fonctionnement du cerveau et entraîner un certain nombre d’effets psychologiques. La compréhension de ce lien est importante pour intervenir rapidement, car des soins médicaux appropriés, un soutien en matière de santé mentale et des ajustements du mode de vie peuvent contribuer à atténuer les effets des commotions cérébrales.
La recherche a permis de constater que les patient·e·s atteint·e·s d’une commotion cérébrale modérée ou grave, ou d’un traumatisme cérébral, sont plus susceptibles de souffrir de dépression que les personnes qui n’ont pas subi de lésions cérébrales. Les recherches actuelles n’ont pas encore permis de déterminer comment l’âge, le genre ou la partie du cerveau qui présente des lésions influent sur l’apparition des symptômes liés à la dépression. Alors que la recherche dans ce domaine se poursuit, il est important de comprendre les signes et symptômes de la commotion cérébrale et ses liens possibles avec la santé mentale pour s’assurer qu’un traitement approprié est instauré immédiatement chez les personnes touchées afin d’atténuer leur souffrance et favoriser leur rétablissement.
Une commotion cérébrale, c’est quoi?
Les commotions cérébrales sont causées par un traumatisme crânien, notamment une violente secousse de la tête et de la partie supérieure du corps, qui fait glisser le cerveau d’avant en arrière contre les parois internes du crâne. Une commotion cérébrale modifie le fonctionnement normal du cerveau. La gravité des symptômes peut varier, tout comme la période de rétablissement qui peut durer des jours, des semaines, des mois, voire des années, dans les cas les plus graves. On estime que plus de 400 000 Canadien·ne·s âgé·e·s de 12 ans ou plus ont subi une ou plusieurs commotions cérébrales en 2019.
Les symptômes d’une commotion cérébrale
Les signes et symptômes d’une commotion cérébrale peuvent être difficiles à détecter. Certains peuvent apparaître immédiatement, d’autres quelques heures, quelques jours ou même quelques semaines après avoir subi la lésion.
Voici les signes et symptômes qui apparaissent immédiatement :
Amnésie autour de l’événement traumatisant
Avoir l’air hébété·e
Confusion ou sensation de brouillard
Réponse tardive aux questions
Étourdissements, « voir des étoiles » ou perte d’équilibre
Fatigue
Maux de tête ou sensation de pression dans la tête
Nausées
Bourdonnements dans les oreilles
Difficulté à parler
Perte de conscience temporaire
Vomissements
Signes et symptômes qui peuvent apparaître plus tard :
Troubles de la concentration et de la mémoire
Troubles du goût et de l’odorat
Irritabilité et autres changements de personnalité
Problèmes d’adaptation psychologique et dépression
Sensibilité à la lumière et au bruit
Troubles du sommeil
La dépression après une lésion cérébrale
La dépression est fréquente après une commotion cérébrale. Des études récentes ont montré qu’environ de 16 à 30 % des personnes ayant subi une commotion cérébrale présentent une dépression; les commotions cérébrales modérées à graves entraînent plus souvent une dépression. Ce taux peut doubler de 1 à 2 ans après la survenue de la lésion; jusqu’à 61 % des personnes déclarent souffrir de dépression, le risque augmentant au cours des 5 premières années après subi la commotion cérébrale et diminuant au cours des années suivantes. En outre, plus de la moitié des personnes souffrant d’un traumatisme crânien et de dépression présentent aussi de l’anxiété. Par rapport à la population générale (qui n’a subi aucune commotion cérébrale), environ 8 % des Canadien·ne·s ont reçu un diagnostic de dépression en 2022.
Les facteurs qui contribuent à l’épuisement professionnel
Les facteurs qui contribuent à la dépression après une lésion cérébrale peuvent varier considérablement d’une personne à l’autre. Voici ces facteurs :
Changements physiques dans le cerveau. Les lésions des zones du cerveau qui contrôlent les émotions peuvent entraîner des changements aux concentrations de certaines substances chimiques dans le cerveau, appelées les neurotransmetteurs. Ces changements à la concentration de neurotransmetteurs sont plus probables dans le cas d’une commotion cérébrale modérée à grave que dans le cas d’une commotion cérébrale légère.
Réaction émotionnelle à la lésion. La frustration ressentie à la suite d’une commotion cérébrale peut entraîner une dépression. La difficulté de s’adapter aux changements cognitifs temporaires ou durables ou à la perte d’autonomie peut entraîner une dépression.
Effets cumulatifs des lésions cérébrales multiples. Les personnes ayant subi un ou plusieurs traumatismes cérébraux courent un plus grand risque de présenter des troubles durables, parfois progressifs, qui limitent le fonctionnement et entraînent une dépression.
Il est important de reconnaître que même après un traumatisme crânien léger, vous pouvez présenter des symptômes liés à la dépression. Il faut demander l’aide d’un·e professionnel·le dès le départ.
Comment puis-je savoir si je suis atteint·e d’une dépression?
La dépression est un trouble complexe dont les symptômes peuvent varier. Voici quelques signes indiquant que vous êtes peut-être atteint·e d’une dépression :
Changements dans l’appétit ou les habitudes alimentaires
Changements dans vos habitudes de sommeil, notamment agitation ou sommeil plus long que d’habitude
Impression de manque d’énergie, baisse de l’estime de soi et approche générale léthargique des activités quotidiennes
Sentiment d’agitation
Consommation accrue ou début de consommation d’alcool, de drogues ou de tabac
Perte d’intérêt pour les activités habituelles, comme les passe-temps favoris, les moments passés avec les membres de la famille ou les activités avec les ami·e·s
Pensées suicidaires
Prendre soin de sa santé mentale après une commotion cérébrale
Tout d’abord, vous devez parler à votre médecin de vos symptômes de dépression, peu importe le temps écoulé depuis que vous avez subi le traumatisme crânien. Plusieurs options de traitement s’offrent à vous pour traiter la dépression et l’anxiété.
Vous devez apprendre à gérer le stress et à prendre soin de votre santé physique. Voici quelques mesures qui pourraient vous aider :
Demandez du soutien professionnel : demander de l’aide n’est pas un signe de faiblesse. Plusieurs types de professionnel·le·s de la santé peuvent aider à traiter la dépression, notamment votre médecin de famille, le personnel infirmier praticien, les psychiatres, les psychologues, les travailleur·euse·s sociaux et d’autres thérapeutes agréé·e·s
Parlez à vos ami·e·s et à votre famille : les liens sociaux sont importants pour le bien-être mental et physique. Les personnes de confiance qui vous entourent sont là pour vous soutenir et peuvent vous aider à relever les défis.
Adoptez une routine quotidienne : dressez une liste gérable des choses que vous aimeriez accomplir chaque jour. Gardez à l’esprit qu’il vous faudra peut-être plus de temps pour faire certaines choses après avoir subi la lésion. Faites des pauses et veillez à ne pas en faire trop.
Faites quelque chose d’amusant tous les jours : qu’il s’agisse d’écouter de la musique, de faire une promenade, de parler à un·e ami·e ou de jouer avec votre animal de compagnie, trouver quelque chose d’agréable à faire tous les jours peut vous aider à améliorer votre humeur.
Répartissez les grands objectifs ou les problèmes en petites étapes : si vous avez un gros projet à réaliser, qu’il s’agisse d’un projet professionnel ou du nettoyage de votre maison, répartissez le travail en petites étapes et franchissez-en une à la fois. Dressez la liste des étapes et concentrez-vous sur une seule partie. Prenez le temps de souligner les étapes que vous avez franchies et d’en être fier·ière. Si vous vous sentez dépassé·e ou frustré·e, faites une pause.
Apprenez des stratégies de relaxation : la pleine conscience, les techniques de respiration et les pratiques telles que le taï-chi peuvent vous aider à réduire le stress, à améliorer votre concentration et à vous détendre, et même à améliorer votre sommeil. Essayez différentes techniques pour voir celles qui vous conviennent le mieux.
On observe très fréquemment l’apparition de la dépression après une lésion cérébrale. La recherche se poursuit pour nous aider à comprendre le lien entre la commotion cérébrale et la dépression. Parallèlement, la sensibilisation contribue à détecter les troubles de l’humeur à un stade plus précoce de leur développement, ce qui permet aux personnes touchées de suivre un traitement plus rapidement. Si vous avez subi un traumatisme crânien, même léger, il est important de ne pas ignorer les signes de dépression et de demander immédiatement l’aide d’un·e professionnel·le de la santé.
Références
Bombardier, C.H., & Hart, T. (janvier 2025). « Depression after Traumatic Brain Injury [fiche d’information]. » Model Systems Knowledge Translation Center (MSKTC). Consulté le 5 mars 2025. (Seulement en anglais)
Champagne, A.S., Yao, X., McFaull, S.R., et al. (21 juin 2023). « Commotions cérébrales autodéclarées au Canada : une étude transversale. » Statistique Canada. Consulté le 5 mars 2025.
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Stephenson, E. (22 septembre 2023). « Troubles mentaux et accès aux soins de santé mentale. » Statistique Canada. Consulté le 5 mars 2025.
Sunnybrook Staff. (mars 2019). « Concussion recovery tips: Mood changes after concussion. » Sunnybrook Health Sciences. Consulté le 5 mars 2025. (Seulement en anglais)