Diabète et stress : comment la santé mentale, l’alimentation et le cortisol influencent la glycémie
Le stress affecte plus que votre humeur—il peut aussi avoir un impact sur la glycémie, l’alimentation et la santé mentale. Apprenez à reconnaître les signes et à soutenir votre corps.
La plupart des gens savent qu’il est important de réduire ou d’éviter le stress, mais il peut être surprenant d’apprendre à quel point il peut affecter notre santé et notre bien-être en général. C’est particulièrement vrai pour les personnes vivant avec des maladies métaboliques comme le diabète.
Le stress nuit grandement à la capacité du corps à stabiliser la glycémie et à atteindre un état gérable. Ce qui est encore plus préoccupant, c’est que près de 40 % des personnes atteintes de diabète ignorent qu’elles en sont atteintes. Lorsqu’il est déséquilibré et non maîtrisé, le diabète peut entraîner des problèmes graves comme des maladies cardiovasculaires (AVC, maladie cardiaque), des troubles rénaux et des lésions nerveuses.
Cet article explore les liens entre le stress, la nutrition, le diabète et la santé mentale. Comprendre ces liens peut vous aider à reconnaître certains signes avant-coureurs et à déterminer s’il serait bon de passer un test de dépistage du diabète. Ensuite, nous vous proposerons quelques conseils pour comprendre comment le stress peut influencer votre glycémie et ce que vous pouvez faire pour mieux le gérer au profit de votre santé globale.
Comment le stress affecte-t-il la glycémie?
En situation de stress, notre corps libère du cortisol et de l’adrénaline, qui signalent au pancréas de libérer le glucose stocké dans notre circulation sanguine. Il s’agit d’une réponse naturelle : ces hormones augmentent la glycémie pour nous aider à réagir à une situation de type combat ou fuite. Cela se produit en une fraction de seconde et déclenche une chaîne d’événements complexes.
Pendant ces moments de stress, notre corps nous donne instinctivement un regain d’énergie pour faire face à la menace. En même temps, lorsque nous ne sommes pas en situation de danger, il est essentiel que notre corps soit capable d’abaisser la glycémie afin que nos cellules reçoivent l’énergie nécessaire pour bien fonctionner. C’est ici qu’intervient l’insuline. Cette hormone joue un rôle clé dans la régulation du glucose et dans le stockage des nutriments dans le foie et les muscles. Elle participe aussi au stockage des graisses dans le corps.
Lorsque le stress devient chronique, il peut entraîner un état inflammatoire prolongé, menant à une condition appelée résistance à l’insuline. Le stress chronique empêche les conditions naturelles nécessaires à l’action de l’insuline pour éliminer l’excès d’hormones du stress dans notre organisme. Avec le temps, nos cellules deviennent moins sensibles à l’insuline, ce qui nuit à l’absorption et à l’élimination du glucose dans notre sang. Puisque l’insuline est essentielle à la régulation de l’énergie, ce dérèglement peut affecter notre santé de façons qu’on ne perçoit pas toujours.
Quel est le lien avec la nutrition?
Notre corps fonctionne selon un équilibre délicat entre glucides, protéines et lipides. Un déséquilibre — qu’il s’agisse d’un excès ou d’un manque de ces nutriments — peut avoir un impact sur notre santé, car le corps priorise la protection du cerveau. L’alimentation joue aussi un rôle clé dans la gestion du stress et la régulation de la glycémie. Il arrive que nous utilisions la nourriture comme moyen de composer avec un stress élevé, en ayant recours à la suralimentation ou à l’alimentation émotionnelle.
Il est aussi surprenant de découvrir à quel point notre système digestif influence notre santé émotionnelle. Des recherches démontrent qu’une grande partie de nos émotions provient probablement des nerfs de notre intestin. En fait, les micro-organismes présents dans notre système digestif produisent des neurotransmetteurs comme la sérotonine, qui est étroitement liée à l’humeur et au bien-être émotionnel. Un déséquilibre à ce niveau peut contribuer à la dépression et à l’anxiété. Ainsi, lorsque l’on parle d’« avoir une intuition viscérale », ce n’est pas qu’une expression — 95 % de la sérotonine de notre corps se trouve dans nos intestins. Cela aide à comprendre pourquoi notre relation avec la nourriture est si complexe.
Pour vous aider à mieux comprendre le lien entre l’alimentation et le fonctionnement de notre corps en situation de stress, voici quelques stratégies à envisager :
Réfléchissez à la présence de règles — conscientes ou non — que vous vous imposez à propos de quand et de quoi vous pouvez manger. Si c’est le cas, demandez-vous depuis quand elles existent et pourquoi.
Réapprenez à reconnaître vos signaux naturels de faim afin de mieux répondre aux besoins de votre corps et savoir quand vous êtes rassasié.
Ralentissez et savourez vos repas. Portez attention aux saveurs, aux textures, et à ce que vous ressentez pendant que vous mangez. Posez-vous les questions suivantes :
Est-ce que j’apprécie ce que je mange?
Suis-je en train de répondre à une envie?
Est-ce que manger règle réellement le problème de départ?
Est-ce que la faim diminue pendant le repas?
Est-ce que je me sens bien, coupable ou contrarié en mangeant?
En reconnaissant ces schémas de pensée, on peut mieux comprendre notre comportement alimentaire et prendre conscience que le fait de se nourrir n’est qu’un élément parmi d’autres dans les nombreux processus corporels en jeu.
Symptômes de stress et de diabète
Comme de nombreuses personnes vivent avec un diabète non diagnostiqué et ignorent à quel point il est lié au stress chronique, nous avons jugé utile de partager certains signes à surveiller. Veuillez noter que ces renseignements ne remplacent en aucun cas un diagnostic ou un plan de traitement établi par un professionnel de la santé.
Voici certaines similitudes et différences entre le diabète de type 1 et de type 2 :
Remarque : cet article se concentre sur les types 1 et 2 du diabète, et ne couvre pas d’autres formes comme le diabète gestationnel ou le prédiabète.
Catégorie | Diabète de type 1 | Diabète de type 2 |
Apparition typique | • Enfance | • À tout âge |
• Adolescence | • Fréquent chez les adultes | |
• Soudaine | • Progressive | |
Ce qui se passe dans le corps | • Très peu ou pas d’insuline produite | • Production insuffisante d’insuline |
• Dysfonctionnement du système immunitaire | • Insuline produite mais utilisée de façon inefficace | |
Approche de traitement | • Nécessite de l’insuline (essentielle à la survie) | • Peut nécessiter de l’insuline |
• Peut être géré par des changements de mode de vie | ||
• Souvent géré par des médicaments | ||
Symptômes | • Soif excessive | • Soif excessive |
• Urination fréquente | • Urination fréquente | |
• Perte de poids inexpliquée | • Perte de poids inexpliquée | |
• Vision trouble | • Vision trouble | |
• Guérison lente des plaies | • Guérison lente des plaies | |
• Infections fréquentes | • Infections fréquentes | |
• Engourdissement ou picotements dans les mains ou les pieds | • Engourdissement ou picotements dans les mains ou les pieds | |
• Faim accrue | • Faim accrue | |
• Taches foncées et veloutées sur la peau (cou, aisselles ou plis cutanés) | • Taches foncées et veloutées sur la peau (cou, aisselles ou plis cutanés) | |
Remarque | Les symptômes sont les mêmes, mais dans le type 2, ils peuvent être plus légers au départ. |
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Facteurs de risque | • Prédisposition génétique | • Lien génétique fort, souvent familial |
• Mode de vie sédentaire | ||
• Alimentation déséquilibrée | ||
• Surpoids ou obésité |
On ignore ou minimise souvent les symptômes parce que nos vies sont mouvementées et que le stress est devenu si courant. Voici quelques signes de stress et à quoi nous les attribuons habituellement.
Signe… | Ce que vous (ou quelqu’un d’autre) pourriez penser que c’est… |
Problèmes digestifs | Juste… |
• Un mal de ventre | |
• Une indigestion | |
• Des brûlures d’estomac | |
• De l’irrégularité (changements dans les habitudes d’élimination) | |
• Une poussée d’une maladie déjà diagnostiquée (p. ex. : SCI, diverticulose/diverticulite) | |
Problèmes de sommeil | Juste… |
• De l’insomnie | |
• De la difficulté à s’endormir ou à rester endormi | |
• De l’agitation | |
Oublis plus fréquents / difficulté à se concentrer | Juste… |
• Un trou de mémoire | |
• Une journée où ça ne va pas | |
• Être désorganisé | |
• Trop penser / s’inquiéter | |
Maladies plus fréquentes | Juste… |
• Un autre rhume ou une autre infection | |
• Un système immunitaire faible | |
Changements d’appétit | Juste… |
• Plus ou moins faim ces temps-ci | |
• Ne pas aimer un aliment en particulier | |
• Être occupé ou distrait | |
• Être déshydraté | |
Tension musculaire / maux de tête / mâchoire crispée | Juste… |
• Un changement de température ou de pression atmosphérique | |
• Une douleur liée à une activité | |
• Des douleurs liées à l’âge | |
• Être fatigué | |
Irritabilité accrue ou inhabituelle / isolement social | Juste… |
• Être frustré par une situation | |
• Avoir besoin de temps seul | |
• Être négatif ou pessimiste | |
• Procrastiner | |
• Être distrait | |
Changements de libido | Juste… |
• Être occupé | |
• Ne pas être intéressé |
Faire un suivi régulier avec votre équipe de soins de santé vous aide à repérer des tendances et à comprendre comment le stress vous affecte. Avec cette information, vous serez en mesure de planifier des changements de manière éclairée.
Façons de réduire le stress
Il est possible de réduire le stress grâce à des stratégies simples mais efficaces. En apportant de petits changements à votre mode de vie, vous pouvez avoir un grand impact sur votre santé et votre bien-être à long terme.
1. Bougez chaque jour.
Visez au moins 150 minutes d’activités par semaine qui augmentent votre fréquence cardiaque et sollicitent vos muscles. Pas besoin de courir ou de vous dépasser : les tâches quotidiennes vous font aussi bouger. Même une marche de dix minutes est bénéfique. L’activité physique améliore aussi la santé mentale. Rapidement, vous pourriez remarquer que votre corps en redemande!
2. Mangez une variété d’aliments nutritifs.
Choisissez des aliments qui fournissent à votre corps les vitamines et minéraux dont il a besoin — surtout ceux que le stress peut réduire. Il est préférable de puiser ces nutriments dans l’alimentation plutôt que dans des suppléments. Si vous envisagez de prendre des suppléments, parlez-en d’abord à votre médecin ou à votre pharmacien. Prendre des suppléments sans encadrement peut causer du stress interne et de l’inflammation, ce qui pourrait rendre votre corps plus vulnérable à d’autres maladies.
3. Réduisez votre utilisation des médias sociaux et passez plus de temps à créer des liens avec les gens autour de vous.
Cela vous permet de pratiquer l’art de l’amitié, d’apprendre grâce à d’autres points de vue et de découvrir ce que c’est que de faire partie d’une communauté active. Participez à des activités, des intérêts ou des expériences partagés.
4. Explorez la mécanique de votre respiration.
Commencez par observer combien de fois vous respirez par minute, puis voyez si vous pouvez ralentir le rythme en respirant plus profondément et plus consciemment. Comment vous sentez-vous lorsque vous ralentissez votre respiration? Vous pourriez préférer utiliser des méditations guidées pour vous aider à respirer et à visualiser ce que représente le calme pour vous.
5. Consultez un professionnel.
La thérapie peut vous aider à découvrir les causes profondes de votre stress chronique et vous donner des outils pour mieux le gérer. Apprendre à mieux vous connaître et comprendre vos réactions peut vous permettre de mieux anticiper et réagir face à des situations stressantes.
Comprendre le lien entre le stress et la glycémie est un bon moyen de favoriser de saines habitudes de vie et d’acquérir les connaissances nécessaires pour vivre en meilleure santé.
Références
Cleveland Clinic. (dernière révision en 2025). « Cortisol. » Cleveland Clinic Articles. Consulté le 21 mars 2025. (Seulement en anglais)
Davidson, K., révisé médicalement par Seitz, A. MS, RD. (2020). « How Can I Improve My Relationship with Food? » Healthline – NUTRITION. Consulté le 21 mars 2025. (Seulement en anglais)
Mayar, E. (2010). « Think Twice: How the Gut’s ‘Second Brain’ Influences Mood and Well-Being. » Scientific American. Consulté le 21 mars 2025. (Seulement en anglais)
Organisation panaméricaine de la santé – Organisation mondiale de la santé. (2022). « The number of people with diabetes in the Americas has more than tripled in three decades, PAHO report says. » PAHO. Consulté le 21 mars 2025. (Seulement en anglais)