Pour la navigation sur le site ou l'assistance : Appeler le 1-833-866-9929

Personnel autochtones de la sécurité publique et traumatisme : Reconnaître l’histoire, soutenir la guérison et diriger avec respect

Comprendre les effets durables du traumatisme colonial et comment offrir un soutien significatif aux employé·es autochtones dans les rôles de sécurité publique.

Le traumatisme intergénérationnel en milieu de travail 

Les peuples autochtones — Premières Nations, Inuit et Métis — habitent ces terres depuis des millénaires, avec des cultures, des langues et des systèmes de savoir uniques. Cependant, pour plusieurs, l’héritage du colonialisme continue d’avoir des répercussions sur la vie quotidienne, la santé mentale et l’expérience professionnelle.

Pour les personnes autochtones occupant des rôles dans la sécurité publique, les défis peuvent être particulièrement complexes. En plus des exigences élevées liées au travail de première ligne, elles doivent souvent composer avec les répercussions personnelles et culturelles du traumatisme historique et intergénérationnel. Ces expériences ne sont pas distinctes — elles coexistent et peuvent se renforcer mutuellement de manière tangible.

Cet article vise à aider les gestionnaires, collègues et prestataires de soins à mieux comprendre ces réalités et à créer des milieux de travail plus sécuritaires et respectueux. 

Traumatisme colonial : un legs durable  

Les politiques coloniales — comme la Loi sur les Indiens et le système des pensionnats — ont été conçues pour effacer les identités, cultures et autonomies autochtones. Ces politiques ont entraîné le retrait forcé des enfants de leurs familles, perturbé les modes de vie traditionnels et engendré des cycles de traumatisme qui se répercutent encore aujourd’hui.

Bien que le dernier pensionnat ait fermé ses portes en 1996, les effets se font toujours sentir. De nombreux survivant·es, ainsi que leurs enfants et petits-enfants, vivent des problèmes de santé mentale liés à ces systèmes — allant du trouble de stress post-traumatique (TSPT), à l’anxiété, la dépression, jusqu’à une déconnexion de la langue, de la communauté et de l’identité culturelle.

Ces séquelles se manifestent souvent de façon invisible au travail : une hésitation à s’exprimer, un silence en contexte de groupe, un malaise profond face aux structures institutionnelles qui rappellent le passé. 

Croisement entre traumatisme professionnel et intergénérationnel chez les PSP autochtones 

Pour les membres autochtones du personnel de la sécurité publique, le traumatisme est souvent double :

  • Traumatisme professionnel lié aux exigences intenses du métier — intervenir en situation d’urgence, être témoin de souffrances, gérer des risques. 

  • Traumatisme historique et intergénérationnel issu des effets persistants de la colonisation et de la rupture culturelle.

Ce double fardeau peut être particulièrement lourd dans des milieux où l’on attend un détachement émotionnel ou où la stoïcité est valorisée. Les membres autochtones de l’équipe peuvent aussi ressentir un stress supplémentaire en travaillant dans des systèmes qui ont historiquement causé du tort à leurs communautés — et pourtant, ils et elles continuent de servir avec force et engagement, jour après jour.

Ce que les leaders et les équipes peuvent faire : un soutien concret et respectueux 

Il n’est pas nécessaire d’être expert·e en histoire autochtone pour être un·e bon·ne collègue ou leader. Mais il est essentiel d’être attentif·ve, conscient·e des traumatismes, et ouvert·e à l’apprentissage continu. 

Voici des façons concrètes de démontrer votre soutien : 

  • Reconnaître sans présumer – Ne tentez pas de deviner les origines ou le vécu de quelqu’un. Laissez les personnes s’auto-identifier si et quand elles le souhaitent. 

  • Respecter les pratiques culturelles – Offrez de l’espace pour les cérémonies, la fumigation, les prières ou les rassemblements traditionnels lorsque c’est possible. 

  • Reconnaître les différentes réactions aux traumatismes – Les déclencheurs ne se manifestent pas toujours par du repli ou de la détresse visible. Le traumatisme peut apparaître de manière inattendue. 

  • Favoriser l’accès à des soins culturellement appropriés – Proposez des services de counseling avec des praticien·nes autochtones ou des professionnel·les formé·es en sécurité culturelle. 

  • Donner l’exemple au sein de la culture d’équipe – Dénoncez les stéréotypes, évitez l’humour insensible et créez un environnement où les membres autochtones de l’équipe se sentent vus et respectés. 

  • Ne pas attendre de dévoilement Personne ne devrait être contraint·e à partager son histoire. Respectez les limites et la vie privée.

Soutien en santé mentale culturellement sécuritaire 

Les programmes d’aide aux employé·es et à leur famille (PAEF), les équipes de soutien par les pairs et les prestataires de soins de santé ont tous un rôle à jouer. Mais la sécurité culturelle est essentielle.

Pour améliorer le soutien offert aux employé·es autochtones : 

  • Offrez des options de counseling spécifiquement autochtones, comme des Aîné·es, des thérapeutes communautaires ou des approches de guérison ancrées dans la terre. 

  • Formez les professionnel·les de la santé mentale aux pratiques sécuritaires sur le plan culturel et sensibles aux traumatismes. 

  • Normalisez l’accès à ces services pour tous les employé·es afin de réduire la stigmatisation et favoriser leur utilisation.

Comment les collègues non autochtones peuvent continuer à apprendre 

L’apprentissage est une étape importante — mais il doit s’accompagner d’actions. Voici quelques moyens simples d’approfondir votre compréhension :

  • Lisez les Appels à l’action de la Commission de vérité et réconciliation (CVR). 

  • Participez à des événements dirigés par des Autochtones, comme des pow-wow ou des ateliers de sensibilisation culturelle. 

  • Lisez des livres d’auteur·es autochtones sur leurs expériences vécues. 

  • Visitez des sites culturels ou des musées, en particulier ceux qui mettent en valeur l’histoire autochtone. 

  • Réfléchissez à vos propres préjugés ou suppositions — les microagressions passent souvent inaperçues, mais causent de réels préjudices. 

Et surtout : faites votre propre apprentissage. Ne vous attendez pas à ce que vos collègues autochtones vous éduquent, sauf s’ils ou elles choisissent de le faire.

Un chemin partagé vers l’avenir 

La guérison d’un traumatisme — qu’il soit personnel ou intergénérationnel — n’est jamais un processus rapide. Pour les peuples autochtones, cette guérison est profondément liée au territoire, à la culture, à la famille et à la communauté. Et bien que les personnes non autochtones ne puissent pas diriger ce processus, elles peuvent y participer avec respect, en marchant aux côtés des personnes concernées. 

Dans les milieux de la sécurité publique, où la camaraderie, la confiance et le sens du devoir partagé sont essentiels, être conscient des traumatismes n’est pas un luxe — c’est une nécessité. 

Nous avons tous un rôle à jouer dans la création de milieux de travail où les employé·es autochtones se sentent en sécurité, valorisé·es et libres d’être pleinement eux-mêmes. Voilà ce à quoi ressemble une véritable inclusion.

Références

  1. Bellamy, S., & Hardy, C. (2015). « Post-traumatic Stress Disorder in Aboriginal People in Canada. National Collaborating Centre for Aboriginal Health. » Consulté le 10 avril 2025. (Seulement en anglais)

  2. Brown, M. (2021). « Mental health review of the Indigenous Police Services of Ontario. » Indigenous Police Chiefs of Ontario. Consulté le 10 avril 2025. (Seulement en anglais)

  3. CBC News (2021). « Your questions answered about Canada’s residential school system. CBC Explains. » Consulté le 10 avril 2025. » (Seulement en anglais)

  4. Commission de vérité et réconciliation du Canada. (2015). « Ce que nous avons retenu : Les principes de la vérité et de la réconciliation. » Gouvernement du Canada. Consulté le 10 avril 2025.

  5. Hanson, E. (s.d.). « The Sixties Scoop & Aboriginal child welfare. First Nations & Indigenous Studies. » University of British Columbia. Consulté le 10 avril 2025. (Seulement en anglais)

  6. Jeganathan, J., & Lucchetta, C. (2021). « Felt through generations: A timeline of residential schools in Canada. » TVO. Consulté le 10 avril 2025. (Seulement en anglais)