Culture et identité du personnel de la sécurité publique : Comprendre, naviguer et soutenir le bien-être
La culture du personnel de sécurité publique, bien qu'enracinée dans l'héroïsme et la résilience, peut conduire à la suppression des émotions et à la fusion des identités, d'où la nécessité de promouvoir la sensibilisation à la santé mentale, de redéfinir la force et de soutenir les comportements de recherche d'aide.
Les membres du personnel de sécurité publique (« les PSP ») sont souvent considérés comme des protecteurs résilients de la société. Pourtant, sous l’uniforme se cache une culture qui peut façonner de manière significative l’identité et la santé mentale. Cette culture professionnelle inculque des valeurs telles que l’héroïsme, le stoïcisme et la loyauté, mais elle peut aussi conduire à la suppression des émotions, à l’épuisement professionnel et à la difficulté de demander de l’aide. Il est essentiel de comprendre la culture des PSP pour favoriser le bien-être à long terme.
Comprendre la culture et l’identité des PSP
La culture des PSP est un ensemble de croyances, de valeurs et de pratiques partagées qui définissent l’environnement de travail des premiers répondants. Elle est influencée par ce qui suit :
Héroïsme : On attend des PSP qu’ils soient désintéressés, courageux et toujours prêts à agir face au danger.
Stoïcisme : Une norme culturelle forte qui encourage la suppression des émotions, en particulier la vulnérabilité.
Solidarité : Un sens profond de la camaraderie, de la loyauté et de la confiance en ses pairs dans des situations très stressantes.
Tradition : Les coutumes de longue date qui façonnent les attitudes à l’égard de la santé mentale et de la longévité de la carrière, favorisant souvent une approche de « résistance ».
Comment se forme l’identité des PSP
Les PSP peuvent s’identifier de manière excessive à leur rôle en raison du lien intrinsèque entre leur travail et l’identité qu’ils projettent dans la société. Cette identité peut comprendre :
Autonomie : La croyance qu’ils doivent gérer leurs problèmes seuls et que demander de l’aide peut être perçu comme une faiblesse.
Service public : Un sens aigu du devoir de protéger les autres, en faisant souvent passer leurs besoins avant ceux de la communauté.
Adaptation au stress : Au fil du temps, le PSP développe des mécanismes d’adaptation tels que l’engourdissement émotionnel, l’isolement ou l’hypervigilance pour gérer le stress.
Cette identité crée une dichotomie complexe : si elle favorise la force et la résilience, elle peut aussi susciter une réticence à demander de l’aide pour des problèmes de santé mentale, ce qui peut en fin de compte nuire aux relations personnelles, au rendement professionnel et au bien-être général. Au fur et à mesure que les PSP s’intègrent dans la culture de leur profession, leur identité personnelle se confond de plus en plus avec leur rôle professionnel. Ce concept, connu sous le nom de fusion identitaire, peut avoir des effets à la fois bénéfiques et néfastes sur la santé mentale. Il y a fusion identitaire lorsque le sentiment d’identité d’un individu est si profondément lié à son rôle professionnel qu’il devient difficile de séparer son identité personnelle de son identité professionnelle.
Risques pour la santé mentale liés à la fusion identitaire
Épuisement professionnel et épuisement émotionnel : Le fait d’être constamment en activité peut épuiser les réserves émotionnelles.
Engourdissement émotionnel : La suppression des émotions peut empêcher le PSP de traiter efficacement les traumatismes.
Difficultés de transition : La retraite ou une blessure peuvent créer des crises d’identité si le PSP a du mal à se voir au-delà de son rôle.
Stigmatisation et évitement : Chercher de l’aide peut être perçu comme une faiblesse, ce qui renforce la stigmatisation intériorisée et retarde le traitement.
Les défis de la culture des PSP
Suppression des émotions : Les normes culturelles découragent la vulnérabilité. Cela perpétue la stigmatisation de la santé mentale et isole les PSP de tout soutien.
Usure de compassion : L’exposition répétée à un traumatisme peut réduire l’empathie, avoir un impact sur le rendement professionnel et accroître le détachement.
Relations tendues : Le retrait émotionnel et les difficultés de communication affectent souvent la dynamique familiale et les relations sociales.
Stratégies pour s’adapter à la culture des PSP
Redéfinir la force : La véritable résilience consiste à avoir le courage de demander de l’aide. Les groupes de soutien par les pairs et les conversations franches peuvent réduire la stigmatisation.
Renforcer la résilience émotionnelle : Des techniques telles que la pleine conscience, la respiration profonde et les débreffages structurés peuvent aider les PSP à s’autoréguler.
Donner la priorité à l’autonomie : Il est essentiel d’encourager une activité physique régulière, de veiller à l’hygiène du sommeil et de fixer des limites entre le travail et la maison.
Communiquer ouvertement : La formation sur l’intelligence émotionnelle et l’écoute active peut améliorer les relations professionnelles et familiales. S’ouvrir aux membres de la famille, aux collègues, aux amis ou aux personnes de confiance peut réduire les sentiments d’isolement et de honte, améliorer la résilience, la régulation des émotions (la capacité à gérer efficacement ses émotions) et améliorer les relations.
Quand demander de l’aide?
Il est essentiel de savoir quand demander de l’aide et où s’adresser pour l’obtenir. Le soutien est crucial lorsque le PSP présente les signes suivants :
Changements persistants d’humeur ou de comportement
Symptômes de stress post-traumatique, d’anxiété ou de dépression
Retrait social ou engourdissement émotionnel
Pensées d’automutilation
Consommation accrue ou compulsive de substances
Une intervention précoce favorise la longévité de la carrière et préserve les relations personnelles.
Ressources en Ontario
Badge of Life Canada : Soutien par les pairs et éducation pour les PSP atteints de SSPT ou de BSO. www.badgeoflifecanada.org
Outils d’autoévaluation de l’ICRTSP : Outils anonymes de dépistage de la santé mentale pour les PSP. www.cipsrt-icrtsp.ca
Wounded Warriors Canada : Programmes tenant compte des traumatismes pour les PSP et les familles. www.woundedwarriors.ca
Psychology Today Ontario : Filtrez par profession pour trouver des thérapeutes pour PSP compétents sur le plan culturel.
Références
Bercier, M. L., et Maynard, M. (2018). « Public safety personnel: How the culture affects mental health and well-being » [Personnel de la sécurité publique : Comment la culture affecte la santé mentale et le bien-être]. La revue canadienne de psychiatrie, 63(2), 103-109. https://doi.org/10.1177/0706743717746789
Carleton, R. N., Afifi, T. O., Taillieu, T., Turner, S. et Sareen, J. (2018). « The impact of mental health problems on public safety personnel in Canada » [L’impact des problèmes de santé mentale sur le personnel de la sécurité publique au Canada]. Journal of Occupational Health Psychology, 23(1), 1-11. https://doi.org/10.1037/ocp0000067
Gilmartin, K. M. (2002). « Emotional survival for law enforcement : A guide for officers and their families » [La survie émotionnelle des forces de l’ordre : Un guide pour les agents et leurs familles]. The Guerrilla Street Cop Publishing.
McCreary Centre Society . (2020). « The state of mental health in the first responder community: A Canadian perspective » [L’état de la santé mentale dans la communauté des premiers intervenants : Une perspective canadienne]. https://www.mcs.bc.ca
Rattray, M. (2021). « First responder culture : An overview of the challenges and opportunities for improving mental health support for public safety personnel » [Culture des premiers répondants : une vue d'ensemble des défis et des possibilités d'amélioration du soutien à la santé mentale pour le personnel de la sécurité publique]. Journal of Public Safety Psychology, 12(3), 45-59. https://doi.org/10.1002/jpsp.2763