Être antiraciste
Comment reconnaître le racisme, répondre avec empathie et favoriser l’équité dans la vie de tous les jours.
Le racisme ne se manifeste pas uniquement dans des moments isolés — il est souvent enraciné dans les politiques, les systèmes et les interactions quotidiennes. Ses effets sont vastes, en particulier pour les personnes noires, autochtones et racisées, qui font face à des taux disproportionnés de discrimination, de profilage, de stress chronique et de problèmes de santé liés aux inégalités systémiques.
Pour celles et ceux qui travaillent dans les services publics, comprendre et remettre en question le racisme ne relève pas uniquement des convictions personnelles — c’est aussi une façon de se présenter dans sa communauté, auprès de sa famille, et envers les autres. Être antiraciste, ce n’est pas seulement rejeter le racisme, c’est s’engager activement à le reconnaître et à le contrer.
Qu’est-ce que l’antiracisme?
Être antiraciste, c’est reconnaître l’inégalité là où elle existe, comprendre comment elle affecte les autres et poser des actions concrètes pour y mettre fin. Il ne s’agit pas d’être parfait — mais plutôt de faire preuve d’efforts constants et de courage.
L’antiracisme implique :
Reconnaître que les systèmes peuvent engendrer des résultats inéquitable
Rejeter les stéréotypes et les suppositions à propos des groupes raciaux ou ethniques
Écouter les expériences vécues avec empathie, sans se mettre sur la défensive
Prendre la parole lorsqu’on est témoin de racisme, même sous des formes subtiles
Soutenir les politiques et les actions qui favorisent la justice et l’équité
Le racisme n’est pas toujours évident
On associe souvent le racisme à la haine ouverte ou aux insultes explicites. Mais de nombreuses idées racistes sont ancrées dans nos systèmes et notre culture — parfois de façon inconsciente. Tout au long de l’histoire, plusieurs politiques ont été façonnées par des personnes en position de pouvoir afin de maintenir des inégalités.
Quelques exemples :
Pensée assimilationniste : croire que les personnes racisées doivent « s’adapter » pour être acceptées.
Pensée ségrégationniste : croire que certains groupes sont intrinsèquement inférieurs et doivent être séparés.
Mythes de la minorité modèle : stéréotypes qui présentent certains groupes comme plus « réussis » afin de diviser les communautés et masquer les difficultés réelles.
Ces idées influencent encore aujourd’hui la manière dont les personnes sont perçues, traitées et représentées.
« Mais je ne suis pas raciste… »
Beaucoup de gens croient que s’ils ne disent ou ne font rien d’ouvertement raciste, ils ne font pas partie du problème. Pourtant, le silence et l’inaction peuvent permettre au racisme de persister.
L’auteur Ibram X. Kendi suggère que les termes « raciste » et « antiraciste » ne sont pas des identités fixes, mais plutôt des descriptions de nos actions dans l’instant. Une personne peut dire ou croire quelque chose de nuisible sans le vouloir, mais elle peut aussi choisir de réfléchir, d’apprendre et d’évoluer.
Être antiraciste, ce n’est pas seulement rejeter le racisme. Cela signifie prendre la parole pour l’équité raciale, soutenir les politiques qui favorisent la justice et remettre en question les idées et systèmes injustes. Si nous ne reconnaissons pas comment le racisme s’exerce dans la vie de tous les jours, nous risquons de le renforcer sans en être conscients.
L’antiracisme repose sur la conscience, la responsabilité et des actions concrètes pour créer un vrai changement.
Étapes vers l’antiracisme
Des expertes comme Kirsten Ivey-Colson et Lynn Turner, fondatrices de The AntiRacist Table, proposent plusieurs actions que chacun peut entreprendre pour amorcer ou poursuivre son cheminement :
1. Commencer par apprendre
Comprenez l’histoire du racisme, surtout dans les lieux où vous vivez et travaillez. Explorez comment les biais inconscients et les privilèges se manifestent au quotidien. Ne vous attendez pas à ce que les autres — surtout celles et ceux qui sont directement touché·e·s par le racisme — vous éduquent. Soyez responsable de votre propre apprentissage.
2. Se fixer des intentions
L’antiracisme est une démarche qui dure toute la vie, et non une tâche ponctuelle. Fixez-vous des objectifs : prendre la parole, remettre en question vos croyances, et persévérer même lorsque c’est inconfortable.
3. Accepter l’inconfort
Faire face au racisme — y compris à ses propres biais — n’est pas facile. Mais la croissance personnelle exige de traverser l’inconfort. Robin DiAngelo, auteure de Fragilité blanche, explique comment surmonter les réactions défensives en écoutant, en réfléchissant et en s’engageant activement.
4. Voir les gens comme des individus
Évitez les généralisations fondées sur l’appartenance à un groupe. Les stéréotypes — qu’ils soient négatifs ou même « positifs » — déshumanisent et divisent. Par exemple, le mythe de la « minorité modèle » souvent associé aux communautés asiatiques efface les expériences individuelles et entretient la division.
5. Pratiquez l’empathie
Vous n’avez pas besoin de faire partie d’un groupe sous-représenté pour vous en soucier. Le racisme va à l’encontre des valeurs que la majorité des gens disent défendre, et vous n’avez pas besoin d’être une personne BIPOC ou d’en être personnellement touché·e pour vous y opposer. Comme le dit le psychologue John Amaechi, lutter contre le racisme, ce n’est pas seulement défendre des individus — c’est défendre l’équité et le respect pour tous. Se dresser contre le racisme, c’est se tenir debout pour notre humanité commune.
6. Soyez un·e allié·e actif·ve
Être un·e allié·e, c’est être présent·e, prendre la parole et soutenir les autres — même lorsque ce n’est pas pratique. C’est un engagement continu, pas seulement une étiquette.
7. Choisissez le courage plutôt que le confort
Qu’il s’agisse de contester un commentaire nuisible ou de revoir les pratiques de votre milieu de travail, chaque geste compte. Posez-vous la question : est-ce que mes choix quotidiens — ce que je soutiens, les voix que j’écoute, l’endroit où je dépense mon argent — sont en accord avec mes valeurs d’équité?
L’antiracisme est un choix — et une responsabilité
L’antiracisme ne repose pas sur la culpabilité. Il repose sur la responsabilité. Il s’agit de faire de meilleurs choix, d’avoir des conversations ouvertes et de défendre les autres, même lorsque c’est inconfortable. Que vous soyez au service du public, que vous éleviez une famille ou que vous cherchiez simplement à être une bonne personne — être antiraciste fait partie de la construction d’un monde plus juste et plus sécuritaire pour tous.