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Soutenir les premiers répondants face au traumatisme et au stress

Repérez tôt les signes de stress traumatique et appliquez des stratégies éprouvées pour bâtir la résilience et améliorer la santé mentale des premiers répondants.

Être témoin d’événements traumatisants ou en vivre n’est pas chose rare – des études montrent que la moitié d’entre nous vivra au moins un traumatisme important au cours de sa vie. Le stress traumatique est une réaction normale à des événements tels qu’un accident d’automobile, une catastrophe naturelle et une agression contre la personne. Ces événements peuvent causer des émotions intenses et effrayantes. 

Ces dernières peuvent être stressantes pour la personne survivante ou pour les personnes qui en sont témoins ou qui apportent une assistance. Les personnes qui exercent le métier de premier·ière·s répondant·e·s, comme les policier·ière·s, les pompier·ière·s et les paramédics, doivent composer quotidiennement avec des situations qui mettent la vie en danger. Les obstacles constants inhérents à l’exposition aux abus, à la violence et au danger entraînent des répercussions énormes sur la vie et la santé de ces professionnel·le·s au fil du temps et peuvent persister bien après la survenue des événements. Heureusement, on connaît de plus en plus les effets des traumatismes, surtout chez les premier·ière·s répondant·e·s, ce qui a conduit à une meilleure compréhension du soutien nécessaire aux personnes qui les vivent.

L’état de stress post-traumatique, c’est quoi?

L’état de stress post-traumatique ou ESPT est un trouble psychologique lié aux troubles anxieux qui se déclenche après un événement traumatisant chez une personne qui le vit ou qui en est témoin. Après un événement traumatisant, les répercussions devraient diminuer au fil du temps, et ce, jusqu’à un retour à un fonctionnement normal au quotidien. Mais chez certaines personnes, le fait de vivre un tel événement entraîne des symptômes persistants qui nuisent à leur vie quotidienne. Une telle situation pourrait être le signe d’un état de stress post-traumatique,

Mais ce dernier n’apparaît pas chez toutes les personnes ayant vécu un épisode traumatique. Au Canada, environ 8 % des personnes ayant vécu un événement traumatisant développent un état de stress post-traumatique.

L’état de stress post-traumatique et les premier·ière·s répondant·e·s

Des études récentes indiquent qu’une proportion importante (de 20 à 45 %) des premier·ière·s répondant·e·s souffrent d’un ou de plusieurs troubles mentaux, une proportion plus élevée que celle observée dans la population en général (environ 8 %). Environ 23 % des premier·ière·s répondant·e·s obtiennent un résultat positif à un test de dépistage de l’état de stress post-traumatique.

Les troubles mentaux liés au travail présents chez les premier·ière·s répondant·e·s sont de plus en plus qualifiés de blessures de stress opérationnel ou BSO par les membres de cette communauté de travailleur·euse·s. À l’origine, le terme a été créé pour définir les troubles de santé mentale directement liés au service des militaires canadien·ne·s. En 2016, le gouvernement canadien a reconnu que les blessures de stress opérationnel ne touchaient pas seulement le personnel militaire, mais aussi l’ensemble des membres d’organismes d’intervention. Dans cette catégorie de professionnel·le·s, l’état de stress post-traumatique constitue le trouble le plus fréquemment diagnostiqué.

On reconnaît de plus en plus le milieu de travail comme étant une cause directe de l’état de stress post-traumatique. En réponse aux répercussions directes que peuvent avoir les milieux de travail, l’Alberta, la Colombie-Britannique, le Manitoba, le Nouveau-Brunswick, la Saskatchewan et l’Ontario ont adopté des mesures législatives visant à reconnaître que les premier·ière·s répondant·e·s présentent un risque accru d’état de stress post-traumatique découlant de traumatismes au travail. Ces mesures permettent aux premier·ière·s répondant·e·s d’obtenir une indemnité d’accident du travail dans le cas où l’on prouverait la corrélation entre le traumatisme/la maladie et leur milieu de travail.

Les symptômes de l’état de stress post-traumatique

La plupart des personnes qui vivent des événements traumatisants peuvent avoir de la difficulté à réagir et à s’adapter à la situation, mais avec le temps et une bonne prise en main, leurs symptômes peuvent finir par s’atténuer. L’état de stress post-traumatique pourrait être la cause de symptômes qui s’aggravent, qui durent des mois, voire des années, et qui nuisent au fonctionnement quotidien. Pour les premier·ière·s répondant·e·s, les effets de ces symptômes peuvent avoir des conséquences graves sur leur travail. Le présentéisme – un terme qui définit le fait de se présenter au travail physiquement, mais de ne pas être en mesure d’accomplir pleinement ses tâches – est une préoccupation majeure dans la communauté des premier·ière·s répondant·e·s en raison de la nature de leur travail.

Les symptômes d’état de stress post-traumatique peuvent apparaître dans le mois qui suit l’événement traumatisant, mais parfois, ils surviennent des années après. En général, ils sont regroupés sous quatre types : souvenirs intrusifs, évitement et engourdissement émotionnel, pensées négatives et changements de l’humeur et altération des réactions physiques et émotionnelles.

Les symptômes peuvent varier au fil du temps et d’une personne à l’autre :

Souvenirs intrusifs :

  • Souvenirs intrusifs et bouleversants de l’événement

  • Flashbacks (agir comme si l’événement se reproduisait ou avoir l’impression qu’il se reproduit)Nightmares (either of the event or of other frightening things)

  • Cauchemars (soit de l’événement, soit d’autres choses effrayantes)

  • Réactions physiques intenses aux activités qui rappellent l’événement (comme des palpitations cardiaques, une respiration rapide, des nausées et une tension musculaire)

Évitement et engourdissement émotionnel :

  • Évitement des activités, des endroits, des pensées et des émotions qui rappellent le traumatisme

  • Incapacité de se souvenir des aspects importants du traumatisme

  • Perte d’intérêt pour les activités et la vie en général

  • Sentiment de détachement des autres et engourdissement émotionnel

Pensées négatives et changements de l’humeur :

  • Culpabilité, honte ou blâme de soi

  • Sentiment d’aliénation et de solitude

  • Sentiments de méfiance et de trahison

  • Difficultés de concentration ou de mémorisation

  • Dépression et pessimisme

Réactions physiques et émotionnelles :

  • Troubles du sommeil

  • Irritabilité, accès de colère et comportements autodestructeurs ou imprudents

  • Nervosité et facilité d’être effrayé·e

  • Douleurs physiques

  • Agressivité

  • Hypervigilance

Le soutien aux premier·ière·s répondant·e·s : mettre un terme aux préjugés

Si la camaraderie est profondément ancrée dans la culture des premier·ière·s répondant·e·s, la dissimulation des émotions l’est tout autant. Pendant longtemps, les mentalités ne permettaient pas aux individus d’être différents, de montrer leurs émotions ou de pleurer. Mais les gens doivent pouvoir parler de leurs expériences douloureuses librement et ouvertement.

Grâce notamment aux mesures législatives adoptées et à l’attention des médias, les personnes atteintes de l’état de stress post-traumatique peuvent bénéficier d’une sensibilisation accrue du public et d’une meilleure acceptation de cet enjeu en milieu de travail. Par exemple, la Invictus Games Foundation favorise le rétablissement par le sport en vue de soutenir l’amélioration de la santé physique et mentale des membres du personnel militaire et des vétérant·e·s qui ont été blessé·e·s. La fondation souhaite insuffler le changement tout en offrant une place où favoriser la compréhension des difficultés avec lesquelles les premier·ière·s répondant·e·s doivent composer. Les Invictus Games (Jeux Invictus) incarnent la résilience de cette communauté. Il reste beaucoup à faire pour promouvoir l’éducation et les discussions ouvertes sous le signe de la prévention et de l’intervention.

Voici comment les dirigeant·e·s peuvent contribuer à soutenir les premier·ière·s répondant·e·s :

Prévention

Renforcer la résilience : pour renforcer la résilience en milieu de travail, il est important de comprendre et d’accepter le fait que certains aspects de la routine quotidienne et des expériences vécues en milieu de travail sont hors de contrôle. Reconnaître les domaines où il est possible d’influencer ou de contrôler ses expériences, comme en suivant une formation sur la résilience, peut aider à réduire au minimum les incidences de l’état de stress post-traumatique ou des traumatismes.

Faire des choses agréables en dehors du travail : il est important de rester actif·ve au sein de la communauté. Faire du bénévolat pour aider les autres apporte un sentiment d’accomplissement fort et donne une raison d’être. S’adonner à un passe-temps, être actif·ve physiquement ou passer du temps avec ses ami·e·s et sa famille contribuent à renforcer la résilience et à favoriser une bonne santé mentale.

Intervention

Former les responsables : les gestionnaires et les dirigeant·e·s doivent être sensibilisé·e·s à l’existence des blessures de stress opérationnel et attentif·ve·s aux signes que leur personnel présente et qu’ils·elles présentent. Une compréhension accrue des préoccupations et des défis avec lesquels le personnel doit composer au travail améliore la capacité de jouer un rôle proactif dans la mise en place de systèmes de soutien et de politiques qui soutiennent les personnes atteintes d’un état de stress post-traumatique et les encouragent à demander de l’aide.

Élaborer un plan d’intervention relatif à l’état de stress post-traumatique et en faire la promotion : le personnel doit être au courant des solutions à sa disposition, notamment les options de traitement en cas de maladie persistante.

Donner de la formation sur la prévention et de l’information sur les options de traitement : élaborer des programmes internes qui fournissent de la formation continue au personnel et le tiennent informé et à jour sur les symptômes de l’état de stress post-traumatique, les techniques de prévention et les options de traitement à sa disposition.

Traitement et rétablissement

Prolonger le soutien lors du retour au travail : pour favoriser un rétablissement continu, il faut une culture axée sur l’ouverture, l’honnêteté et la compréhension à l’égard des personnes qui ont reçu un traitement.

Soutenir la famille : l’état de stress post-traumatique ou le traumatisme touche non seulement la personne qui en souffre, mais aussi sa famille. Les membres de la famille doivent avoir un réseau d’entraide et des ressources pour les aider à se familiariser avec l’état de stress post-traumatique ou le traumatisme, à prendre en charge la santé mentale de la famille pendant le rétablissement et à apporter l’assistance nécessaire pour surmonter le trouble.

Références

  1. Statistique Canada (2024). « Enquête sur la santé mentale et les événements stressants, 2023. » Consulté le 4 mars  2025.

  2. Sécurité publique Canada. (2023). « Évaluation des initiatives visant à remédier aux blessures de stress post-traumatique (BSPT) chez les agent·e·s de la sécurité publique. » Consulté le 4 mars  2025.

  3. Mayo Clinic. (2024). « Post-traumatic stress disorder (PTSD). » Consulté le 4 mars  2025. (Seulement en anglais)

  4. Smith, M., Robinson, L., & Segal, J. (17 October 2024). « Post-Traumatic Stress Disorder (PTSD). » Consulté le 4 mars 2025. (Seulement en anglais)