Prévention du suicide : signes à surveiller et façons d’aider
Repérez les signes avant-coureurs du suicide et sachez quoi faire pour aider. Ce guide couvre les facteurs de risque, les stratégies de prévention et la façon de soutenir une personne en crise.
Si vous ou quelqu’un que vous connaissez êtes en crise ou avez des pensées d’automutilation, demandez de l’aide immédiatement. Composez le 9-1-1 pour les services d’urgence, contactez le 9-8-8 (Ligne d’aide en cas de crise de suicide), ou envoyez un message texte à un service de crise. Vous n’avez pas à traverser cela seul·e.
L’impact du suicide dépasse largement l’individu — il touche profondément les collègues, les ami·e·s, la famille et les milieux de travail. Étant donné que 70 % des décès par suicide surviennent chez des adultes en âge de travailler (entre 30 et 64 ans), les répercussions de ces pertes tragiques se font sentir bien au-delà de la sphère personnelle et laissent des traces émotionnelles et professionnelles durables.
Cet article vous aidera à reconnaître les signes avant-coureurs du suicide — chez les autres comme chez vous — ainsi que les actions à entreprendre pour soutenir une personne en détresse.
Profession et risque de suicide : l’impact sur le personnel de la sécurité publique
Les professionnel·le·s de la sécurité publique font face à des défis uniques qui peuvent avoir un effet considérable sur leur santé mentale et augmenter leur risque de suicide. Voici les principaux facteurs qui contribuent à ce risque accru :
Exposition au traumatisme : Les contacts fréquents avec des événements troublants, la violence et la souffrance humaine entraînent un stress cumulatif, un trouble de stress post-traumatique (TSPT) et de l’épuisement professionnel.
Culture organisationnelle : Dans plusieurs milieux de la sécurité publique, parler de santé mentale est encore stigmatisé, ce qui rend difficile la demande d’aide.
Décisions stressantes à haute responsabilité : Prendre des décisions qui peuvent avoir des conséquences vitales accentue l’anxiété, le doute de soi et l’épuisement émotionnel.
Travail par quarts et perturbations du sommeil : Les horaires irréguliers, les longs quarts de travail et le manque de sommeil contribuent à l’instabilité émotionnelle et à l’épuisement.
Insécurité d’emploi et stress organisationnel : Les changements de politiques, les charges de travail croissantes et les défis institutionnels viennent alourdir un fardeau déjà important.
Comprendre ces risques permet aux professionnel·le·s de la sécurité publique de mieux repérer les signes de détresse chez eux-mêmes ou leurs collègues, et de chercher du soutien dès les premiers signes.
Facteurs de risque : qu’est-ce qui contribue au suicide?
Le suicide est rarement causé par un seul facteur; il résulte souvent d’un ensemble de défis personnels, professionnels et liés à la santé mentale. Voici quelques facteurs de risque clés :
Troubles de santé mentale : La dépression est en cause dans 60 % des décès par suicide, et 90 % des personnes décédées par suicide avaient un trouble de santé mentale diagnostiqué ou non diagnostiqué.
Accès à des moyens létaux : L’accès à des armes à feu ou à d’autres moyens létaux peut augmenter le risque d’actions impulsives.
Antécédents de tentatives de suicide : Un historique de tentatives augmente les risques futurs.
Sentiment de désespoir : La capacité à entrevoir un avenir meilleur joue un rôle essentiel dans la résilience et le rétablissement en santé mentale.
Manque de stratégies d’adaptation et d’autosoins : Des habitudes saines comme le sommeil, une bonne alimentation et la recherche d’un soutien professionnel peuvent atténuer les risques.
Consommation de substances : L’abus d’alcool ou de drogues réduit les inhibitions et augmente l’impulsivité.
Douleur chronique : La douleur physique ou émotionnelle peut miner la capacité d’une personne à faire face à la vie.
En reconnaissant ces facteurs de risque, vous pouvez intervenir plus tôt et encourager les personnes en difficulté à obtenir de l’aide professionnelle.
Reconnaître les signes de suicide
Détecter les signes de pensées suicidaires est essentiel pour intervenir rapidement. Bien que les signes avant-coureurs ne soient pas toujours évidents, certains comportements et indices émotionnels peuvent indiquer qu’une personne est en détresse :
Changements de comportement : Retrait soudain des interactions sociales ou des activités professionnelles.
Sauts d’humeur extrêmes : Passer subitement de la tristesse à la sérénité, à l’irritabilité ou à l’agressivité.
Augmentation de la consommation de substances : Utilisation accrue d’alcool ou de drogues comme mécanisme d’adaptation.
Engourdissement émotionnel : Détachement des émotions ou de l’environnement.
Discours sur le fait d’être un fardeau : Expressions comme « Tout le monde irait mieux sans moi » ou un profond sentiment de désespoir.
Distribution de biens personnels : Donner des objets importants en guise de préparation au pire.
Mentions du suicide : Phrases telles que « Je ne vois pas d’issue » ou « Je n’en peux plus ».
Changements au travail : Baisse de productivité, absences fréquentes ou conflits avec les collègues.
Planification ou recherche liée au suicide : Recherche de méthodes, collecte de moyens ou discussions sur des plans précis.
Pour le personnel de la sécurité publique, il est essentiel de reconnaître ces signes non seulement chez vous-même, mais aussi chez des collègues qui pourraient vivre des difficultés en silence. Dans ce domaine, les problèmes de santé mentale sont souvent cachés. Plus vous êtes conscient de ces signes, mieux vous serez outillé pour intervenir avant que la situation ne s’aggrave.
Que faire si quelqu’un est en danger
Si vous soupçonnez qu’une personne vit des pensées suicidaires, il est crucial d’agir rapidement. Voici ce que vous pouvez faire :
Engagez la conversation : Approchez la personne avec empathie et bienveillance. Un simple « J’ai remarqué certains changements et je m’inquiète pour toi — veux-tu en parler? » peut ouvrir la porte à une discussion.
Écoutez sans juger : Laissez la personne exprimer ce qu’elle ressent sans tenter de tout régler. Reconnaissez sa douleur.
Posez la question directement : Si vous êtes inquiet, il est tout à fait approprié de demander : « Penses-tu au suicide? » Cette question n’augmente pas le risque, mais peut permettre à la personne de se sentir vue et comprise.
Encouragez l’aide professionnelle : Proposez de contacter un(e) thérapeute, une ligne de crise ou un groupe de soutien. Offrez votre aide pour trouver des ressources si nécessaire.
Restez en contact : Envoyer un simple message ou prendre des nouvelles régulièrement montre que vous êtes présent et que la personne n’est pas seule.
Appelez les secours : Si la personne a un plan et les moyens immédiats de se faire du mal, ne la laissez pas seule. Contactez immédiatement les services d’urgence ou une équipe d’intervention en crise.
Soutenir une personne ayant des pensées suicidaires
Lorsque quelqu’un que vous aimez vit des idées suicidaires, votre soutien peut littéralement sauver une vie.
Soyez présent·e – Parfois, le simple fait d’être là, en silence, peut faire toute la différence.
Évitez les propos minimisants – Des phrases comme « Tu as tellement de raisons de vivre » ou « D’autres ont pire que toi » peuvent être perçues comme invalidantes.
Encouragez de petits gestes – Proposez à la personne de parler à quelqu’un en qui elle a confiance, de faire une promenade ou de pratiquer une activité apaisante.
Prenez soin de vous aussi – Offrir du soutien à quelqu’un en crise peut être émotionnellement exigeant. Appuyez-vous sur votre propre réseau de soutien et demandez de l’aide si nécessaire.
Si vous ou quelqu’un que vous connaissez vous sentez dépassé ou avez des pensées d’automutilation, il est important d’en parler. N’hésitez pas à vous tourner vers un·e ami·e, un membre de la famille, un professionnel de la santé ou un intervenant en santé mentale pour obtenir du soutien. N’oubliez pas : demander de l’aide est un signe de force, pas de faiblesse. C’est correct de chercher du soutien dans les moments difficiles — vous n’êtes pas seul·e.
Références
Cannady, C. (2024). « Suicidology Among First Responders: A Literature Review of Causal and Protective Factors. » Cummings Graduate Institute. Consulté le 31 mars 2025. (Seulement en anglais)
Gouvernement du Canada. (s.d.). « Prévenir le suicide : Quand et comment obtenir de l’aide. » Consulté le 31 mars 2025.
NIHM. (s.d.). « Warning Signs of Suicide. » Consulté le 31 mars 2025. (Seulement en anglais)