Les traumatismes vicariants dans l’administration pénitentiaire
Le traumatisme vicariant est une détresse émotionnelle cumulative vécue par le personnel correctionnel exposé à la souffrance des autres, rendant les limites saines, l’autosoins et le soutien professionnel essentiels au bien-être.
Le traumatisme vicariant, également connu sous le nom de traumatisme secondaire, se produit lorsque des personnes sont exposées aux expériences traumatisantes d’autres personnes. Dans les professions très stressantes comme l’administration pénitentiaire, les employés sont souvent témoins d’événements traumatisants ou en entendent parler. Bien que le personnel pénitentiaire soit particulièrement vulnérable en raison de la nature du travail, les débriefings entre pairs peuvent également contribuer involontairement au traumatisme vicariant.
Contrairement au SSPT, qui résulte de l’expérience directe d’un traumatisme, le traumatisme vicariant découle de l’exposition répétée à la souffrance d’autrui. Le personnel correctionnel, y compris les agents, les conseillers et les autres membres du personnel travaillant dans les prisons et les établissements pénitentiaires, est court un risque élevé en raison de son exposition constante à la violence, aux abus et à la détresse émotionnelle.
L’impact des traumatismes indirects est souvent subtil, mais il peut être cumulatif au fil du temps. Les symptômes peuvent inclure un engourdissement émotionnel, de l’anxiété, de l’irritabilité, de la dépression, des cauchemars, des changements dans la vision du monde, des difficultés à entretenir des relations et une capacité réduite à faire preuve d’empathie. Dans les établissements pénitentiaires, ces symptômes peuvent avoir un impact négatif sur les performances et le bien-être du personnel. En outre, les débriefings entre pairs, qui ont pour but d’apporter un soutien, peuvent parfois exacerber les traumatismes et conduire à un épuisement émotionnel si aucune limite n’est fixée.
3 Stratégies générales d’adaptation au traumatisme vicariant
1. Établir des limites saines
Le maintien de limites émotionnelles saines est essentiel pour les personnes exposées au risque de traumatisme vicariant. Le personnel correctionnel et les pairs qui participent aux débriefings doivent fixer des limites quant au type et à la profondeur des conversations qu’ils engagent. Si le partage d’expériences peut être thérapeutique, il est important d’éviter de se défouler excessivement ou de revivre un traumatisme lors des interactions entre pairs. L’établissement de limites claires quant aux sujets abordés et à la durée des discussions peut contribuer à éviter une exposition émotionnelle excessive.
Conseil : Si le récit d’un pair est particulièrement pénible, orientez doucement la conversation vers les soins personnels ou un sujet plus neutre. Évitez d’engager des discussions qui reviennent sur des détails traumatisants, à moins que cela ne fasse partie d’une séance de débriefing professionnelle menée par un conseiller qualifié.
2. Prendre régulièrement soin de soi
L’autogestion de la santé est une stratégie essentielle pour atténuer les effets du traumatisme vicariant. Le personnel correctionnel et les pairs doivent établir des routines d’autogestion cohérentes pour assurer leur bien-être mental, émotionnel et physique. Il peut s’agir d’activités telles que l’exercice, les passe-temps, les techniques de relaxation et le temps passé avec des proches.
Conseil : Intégrez des pratiques de pleine conscience ou de méditation dans votre routine quotidienne. De simples exercices de respiration ou de relaxation musculaire progressive peuvent contribuer à réduire le stress et à recentrer l’esprit. Si possible, prévoyez des pauses régulières au cours de la journée de travail ou pendant les jours de congé pour vous éloigner des situations stressantes.
3. Rechercher un soutien professionnel
Étant donné les niveaux élevés d’exposition émotionnelle, la recherche d’un soutien professionnel est un moyen efficace de traiter les symptômes du traumatisme vicariant. La thérapie, en particulier avec un conseiller formé aux soins tenant compte des traumatismes, peut aider les individus à gérer leurs expériences et à élaborer des stratégies de résilience émotionnelle. Les groupes de soutien par les pairs ou les séances de débriefing professionnelles, lorsqu’ils sont dirigés par des animateurs formés, peuvent également offrir un espace précieux pour le traitement.
Conseil : Si vous vous sentez émotionnellement dépassé ou si vous remarquez des symptômes persistants de traumatisme vicariant, envisagez de consulter un thérapeute ou un conseiller. De nombreux programmes d’aide aux employés (PAE) proposent des services de conseil confidentiels pour aider le personnel à gérer le stress et les traumatismes.
Points à prendre en compte par les organisations dans le traitement des traumatismes vicariants
Reconnaître rapidement les signes : Le traumatisme vicariant peut se manifester de manière subtile, c’est pourquoi il est essentiel d’intervenir rapidement. Le personnel doit être encouragé à surveiller son bien-être émotionnel et à demander de l’aide avant que les symptômes ne deviennent accablants.
Favoriser un environnement de travail positif : Une culture du travail qui donne la priorité à la santé mentale peut réduire de manière significative le risque de traumatisme vicariant. Des contrôles réguliers, des formations sur la résilience émotionnelle et l’accès à des ressources de soutien devraient faire partie intégrante du cadre de l’institution.
Promouvoir un soutien sain de la part des pairs : Si les séances de débriefing entre pairs peuvent être utiles, elles doivent être gérées avec soin pour éviter de renforcer les traumatismes. Les institutions devraient fournir des lignes directrices sur la manière de mener ces séances, en veillant à ce qu’elles soient structurées et dirigées par des professionnels qualifiés si nécessaire.
Encourager une communication ouverte : La création d’un environnement dans lequel le personnel se sent à l’aise pour parler de ses difficultés et des traumatismes indirects peut réduire l’isolement et favoriser la guérison. Des conversations régulières sur la santé mentale peuvent atténuer la stigmatisation et encourager les individus à demander de l’aide lorsqu’ils en ont besoin.
Le traumatisme vicariant fait inévitablement partie du travail lorsqu’on exerce une profession très stressante. Il est donc essentiel de comprendre son impact et les moyens d’y faire face. Que ce soit en fixant des limites, en prenant soin de soi ou en recherchant un soutien professionnel, le personnel peut réduire les effets du traumatisme secondaire. En encourageant une culture de travail favorable et en accordant la priorité à la santé mentale, le personnel pénitentiaire protège son bien-être tout en continuant à fournir des soins et un soutien essentiels aux autres.
Ressources complémentaires :
National Center for PTSD - Offre des ressources sur les traumatismes, le syndrome de stress post-traumatique et la manière de gérer son impact. www.ptsd.va.gov
International Association of Trauma Professionals (IATP) - Fournit des informations sur la formation, la certification et le soutien aux personnes confrontées à des traumatismes dans le cadre de leurs activités professionnelles. www.traumapro.net
The National Institute for Occupational Safety and Health (NIOSH) - Offre des ressources et des recherches axées sur la santé mentale et la sécurité des travailleurs exerçant des professions à haut risque, y compris dans le secteur pénitentiaire. www.cdc.gov/niosh
Références
Bride, B. E. (2007). Prevalence of secondary trauma among social workers. Social Work, 52(1), 63-70. doi:10.1093/sw/52.1.63.
Gentry, J. E., Baranowsky, A. B., & Dunning, K. (2002). The impact of traumatic stress on law enforcement and correctional personnel. In J. P. Wilson & T. M. Keane (Eds.), Treating PTSD : A practical resource guide for clinicians (pp. 527-545). Guilford Press.