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Le préjudice moral : Un guide pratique pour les employé·e·s

Ressentez-vous de la honte, de la colère ou de la culpabilité liées à votre travail? Découvrez l’impact du préjudice moral sur le bien-être et comment retrouver un équilibre émotionnel.

Le préjudice moral correspond à une atteinte causée à la conscience ou au sens moral d’une personne. Il peut avoir des conséquences durables sur le plan psychologique, biologique, spirituel, comportemental et social. D’une part, si le conflit moral est lié à des fautes morales individuelles, le préjudice moral peut entraîner des sentiments de culpabilité et de honte. D’autre part, si le conflit est lié au manque d’éthique d’autrui, le préjudice moral se manifeste par des sentiments de colère, de mépris et de dégoût. Pour les premier·ière·s répondant·e·s – qui doivent souvent prendre des décisions de dernière seconde dans des situations lourdes de conséquences – le préjudice moral peut découler d’épreuves, notamment de ne pas être capable de sauver une vie, de faire des choix éthiques difficiles ou d’être témoin de manque de leadership.

La notion de préjudice moral

La notion de préjudice moral vient du milieu des vétérant·e·s et des premier·ière·s répondant·e·s. Il a été défini par le Dr Jonathan Shay, psychiatre, comme étant le résultat psychologique, social et physiologique d’une atteinte à « ce qui est bon ». Le préjudice moral touche le personnel soignant et le personnel de première ligne qui doivent prendre des décisions critiques dans des milieux où la pression est forte. 

Le préjudice moral peut avoir des répercussions sur la perception des figures d’autorité, surtout si l’une d’entre elles a participé à un incident lié à des événements potentiellement préjudiciables sur le plan moral. Ces derniers sont des événements où il y a eu violation des valeurs ou des croyances morales profondément ancrées chez une personne, ou encore où les expériences individuelles entrent en conflit avec le manque d’éthique ou de moralité d’autrui. Dans les deux cas, cela entraîne une souffrance morale (c’est-à-dire les émotions négatives qui surviennent en réaction à un événement). Le préjudice moral peut également avoir des répercussions sur la capacité de faire confiance aux autres, entraîner des relations plus distantes et influer sur la façon dont les gens se perçoivent, prennent soin d’eux et même, planifient leur avenir. 

Les facteurs de risque de préjudice moral peuvent comprendre les épreuves suivantes : décès d’une personne vulnérable, manque de soutien perçu de la part de la direction, le fait de ne pas être prêt·e psychologiquement à composer avec des événements potentiellement préjudiciables sur le plan moral, exposition à d’autres formes de traumatismes et manque de soutien après avoir vécu un événement potentiellement préjudiciable sur le plan moral.

Les effets du préjudice moral

Les effets du préjudice moral peuvent être durables et dévastateurs. En voici quelques-uns : éprouver des sentiments de culpabilité, de honte, de gêne; vivre une crise spirituelle (perte de sens, remise en question de la moralité, changement de vision du monde); avoir de la difficulté à faire confiance. 

Après avoir vécu un préjudice moral, une personne peut : 

  • Faire de l’évitement 

  • Souffrir de dépression 

  • Revivre l’événement 

  • Souffrir d’anxiété 

  • Pratiquer l’automutilation et avoir des pensées suicidaires 

  • Faire usage de substances psychoactives 

  • Se sentir déconnecté·e et coupé·e des autres 

  • Se retirer et s’isoler des ami·e·s et de la famille 

  • Vivre une trahison (sentiments d’impuissance, de confusion, de perte de fierté dans le travail, de baisse de moral, de colère, de déception et d’épuisement)

La prise en charge du préjudice moral

Les approches thérapeutiques du préjudice moral visent à remettre en question et à modifier les schémas de pensée et de comportement pour améliorer l’humeur, le fonctionnement et le bien-être. Ces approches ont comme objectif de traiter la culpabilité et la honte associées au préjudice moral. 

Un certain nombre de stratégies peuvent être adoptées pour traiter une personne qui vit un préjudice moral. Comme la trahison survient lorsqu’une personne est en conflit avec le comportement immoral ou contraire à l’éthique d’autres personnes, le pardon peut s’avérer un objectif possible. Le pardon consiste à cesser d’éprouver du ressentiment; il se fait progressivement. Le pardon ne consiste pas à oublier ou à excuser la trahison, mais à se débarrasser volontairement des émotions négatives qui bloquent le processus de rétablissement. 

Plusieurs autres stratégies fondées sur la recherche peuvent également être adoptées, notamment les interventions basées sur la résilience, la pratique de la pleine conscience et de la gratitude, la priorisation du bien-être individuel et l’établissement d’un réseau de soutien. 

Voici quelques idées pour prendre soin de vous : 

  • Prendre du temps pour vous reposer et faire le point. 

  • Avoir au moins une conversation enrichissante par jour. 

  • Entretenir vos liens sociaux. 

  • Soutenir les autres et faire preuve de gentillesse. 

  • Demander à une personne de confiance de remettre les pendules à l’heure. 

  • Dormir suffisamment, se reposer et prendre un temps d’arrêt des activités. 

  • Éviter l’automédication. 

  • Déterminer ce qui est important pour vous. 

  • Consulter un·e conseiller·ère du programme d’aide aux employé·e·s et à leur famille (PAEF) qui vous donnera des suggestions de techniques visant à gérer vos émotions.

Le préjudice moral et les relations interpersonnelles

Souvent, les personnes présentant un préjudice moral ont du mal à séparer leur vie professionnelle de leur vie personnelle. Les relations interpersonnelles peuvent être perturbées par le travail par quarts et par les tâches qui incombent souvent aux métiers à risque. 

Les personnes qui vivent un préjudice moral se placent devant un double défi lorsqu’elles parlent d’événements potentiellement préjudiciables sur le plan moral à leur partenaire ou à leurs ami·e·s :

  1. Elles peuvent vouloir cacher à leur partenaire, à leur famille et à leurs ami·e·s la réalité qu’elles ont vécue pour les protéger de leur détresse, ou elles peuvent craindre d’être jugées pour leurs actions ou leur inaction.

  2. Elles peuvent aussi avoir l’impression que « les personnes civiles ne peuvent pas s’identifier à elles » ou comprendre ce qu’elles ont vécu.

Le rôle de la connexion dans la guérison du préjudice moral

Il ne faut pas oublier que le rétablissement d’un préjudice moral repose surtout sur le soutien des autres. Il peut être utile de communiquer la portée émotionnelle de leur travail et des événements et non les détails des événements traumatisants en tant que tels. Compter sur des personnes de confiance, que ce soit des collègues, des ami·e·s ou des membres de la famille, qui peuvent offrir une écoute et un soutien au fardeau émotionnel, peut aussi contribuer au rétablissement. Le fait d’établir des liens avec les personnes qui sont en mesure de faire preuve de compréhension et de compassion aide à rétablir la confiance et à favoriser le processus de rétablissement.

Références 

  1. Bryan, C.J., Bryan, A.O., Roberge, E., Leifker, F.R., & Rozek, D.C. (2018). « Moral injury, posttraumatic stress disorder, and suicidal behavior among National Guard personnel. » Psychological Trauma: Theory, Research, Practice, and Policy, 10(1):36-45. Consulté le 4 mars 2025. (Seulement en anglais)

  2. Homewood Health. (2020). « First responder, military and veterans programming treatment manual. » Consulté le 4 mars 2025. (Seulement en anglais)

  3. Shay, J. (2012). « Moral Injury » Intertexts, 16(1):57-66. Consulté le 4 mars 2025. (Seulement en anglais)

  4. Williamson, V., Stevelink, S.A.M., & Greenberg, N. (2018). « Occupational moral injury and mental health: Systematic review and meta-analysis. » The British Journal of Psychiatry, 212(6):339–346. Consulté le 4 mars 2025. (Seulement en anglais)