Stigmatisation et toxicomanie
Comprendre les véritables répercussions de la stigmatisation liée à la dépendance — et comment de petits changements dans le langage, la perception et le soutien peuvent faire une grande différence.
La dépendance est une condition complexe et souvent mal comprise. Elle peut toucher n’importe qui, peu importe l’âge, le genre ou le statut socioéconomique, et englobe une gamme de comportements au-delà de la consommation de substances, notamment le jeu, les jeux vidéo, la sexualité et les achats. Bien que la dépendance soit reconnue comme un trouble médical nécessitant un traitement, la stigmatisation aggrave souvent les difficultés vécues par les personnes concernées.
Qu’est-ce que la dépendance?
La dépendance est un trouble médical chronique traitable, considéré comme un trouble cérébral complexe et une maladie mentale. Elle découle d’un ensemble de facteurs, dont la génétique, l’environnement et les expériences de vie d’une personne. Les personnes qui souffrent de dépendance continuent à consommer des substances ou à adopter certains comportements malgré les conséquences négatives — personnelles ou professionnelles.
La dépendance ne se limite pas à des substances comme l’alcool, le cannabis, le tabac ou les opioïdes. Elle peut aussi toucher des comportements tels que le magasinage, le jeu, le travail ou la sexualité. Ces dépendances comportementales activent le système de récompense du cerveau de façon semblable à la consommation de substances, menant à des habitudes compulsives qui nuisent à la vie quotidienne et au bien-être.
La dépendance n’est pas un manque de volonté ni une série de mauvais choix. Il s’agit d’un besoin physiologique ou psychologique envers une substance, un comportement ou une activité à caractère addictif.
Substances couramment associées à une dépendance :
Alcool
Nicotine
Cannabis
Médicaments antidouleur sur ordonnance
Médicaments pour le sommeil sur ordonnance
Méthamphétamine
Opioïdes
Cocaïne
Comportements couramment associés à une dépendance :
Jeu
Jeux vidéo
Magasinage
Sexualité
Travail
Exercice physique
Alimentation
Médias sociaux
La dépendance et le cerveau
Le système de récompense du cerveau renforce les comportements agréables nécessaires à la survie, comme manger. Lorsque nous mangeons, ce système est activé et une substance chimique appelée dopamine est libérée, ce qui procure une sensation de plaisir. Cela incite à répéter ce comportement.
La dopamine est également libérée lors de la consommation de substances ou de la participation à certaines activités comme le magasinage, le jeu ou le sexe. Le cerveau commence alors à associer ces comportements à une source de plaisir, plutôt qu’à des besoins de survie.
Lorsqu’une personne développe une dépendance, cela signifie que son cerveau commence à se modifier. Avec le temps, les circuits cérébraux s’adaptent et libèrent moins de dopamine, ce qui crée une tolérance. Il faut alors consommer davantage de substance ou répéter plus souvent le comportement pour retrouver cette sensation de plaisir. Les autres activités perdent de leur attrait.
Symptômes de la dépendance
Poussées intenses qui empêchent de penser à autre chose
Consacrer beaucoup de temps à se procurer une substance ou à adopter un comportement, au détriment d’activités autrefois appréciées
Difficultés dans les relations interpersonnelles
Négligence des responsabilités à la maison, au travail ou dans la communauté
Irritabilité ou agitatio
Apparition de symptômes d’anxiété, de dépression ou de sevrage en tentant d’arrêter une substance ou un comportement
Qu’est-ce que la stigmatisation?
La stigmatisation est un ensemble d’attitudes négatives, de préjugés et de stéréotypes qu’une personne entretient à l’égard d’un individu ou d’un groupe en raison de la situation qu’il ou elle vit. Elle se manifeste souvent par des attitudes, croyances et comportements discriminatoires, et se traduit particulièrement par des mots et des étiquettes stigmatisantes qui visent à humilier ou à faire honte à une personne.
Les personnes vivant avec une dépendance peuvent être confrontées à différents types de stigmatisation :
Stigmatisation sociale : Elle se produit lorsque la famille, les amis ou la société portent un jugement négatif sur les personnes ayant une dépendance, les qualifiant de faibles ou d’irresponsables. Ces personnes peuvent être victimes de harcèlement, de violence ou d’intimidation, ce qui peut mener à l’isolement et au rejet.
Stigmatisation intériorisée : Parfois, les personnes vivant avec une dépendance finissent par croire aux jugements négatifs qu’on porte sur elles. Elles peuvent ressentir de la honte, un sentiment d’indignité ou une faible estime d’elles-mêmes, et craindre de demander de l’aide à cause du jugement ou de la discrimination potentielle. Cela rend l’accès au soutien encore plus difficile.
Stigmatisation structurelle : Ce type de stigmatisation est intégré dans les systèmes et les politiques, comme l’accès limité aux traitements ou les lois axées sur la punition plutôt que sur le soutien. Elle comprend aussi la discrimination, le manque de soutien ou une qualité de soins moindre dans les milieux de la santé, des services sociaux et du travail. Les personnes touchées peuvent avoir de la difficulté à trouver un emploi ou un logement.
La stigmatisation peut nuire à la santé et au bien-être des personnes ayant une dépendance, car elle représente souvent un obstacle à la recherche de soins, augmentant ainsi le risque de mortalité en raison d’un traitement retardé. Elle peut aussi affecter la famille et les amis, qui sont parfois jugés ou discriminés simplement par association.
Les messages contradictoires de la société
Toutes les dépendances ne sont pas perçues de la même manière. Certaines, comme le surmenage (workaholisme), sont même valorisées. Travailler de longues heures est souvent vu comme un signe de dévouement, même si cela peut nuire à la santé mentale et physique, et briser les relations.
À l’opposé, les dépendances liées aux substances — surtout aux drogues illégales — sont fortement jugées. Par exemple, les personnes ayant une dépendance aux opioïdes sont souvent traitées comme des criminels plutôt que comme des personnes ayant besoin de soins. Ces doubles standards démontrent à quel point la société comprend mal la dépendance dans son ensemble.
Briser la stigmatisation
L’un des moyens les plus efficaces de réduire la stigmatisation consiste à changer le langage utilisé pour parler de la dépendance.
Briser la stigmatisation liée à la dépendance demande des efforts, mais chaque geste compte.
S’informer et sensibiliser : Comprendre le fonctionnement de la dépendance permet de remplacer le jugement par de l’empathie. Partagez vos connaissances sur les aspects neurologiques et psychologiques de la dépendance afin de remettre en question les stéréotypes et faire évoluer les perceptions du blâme vers l’empathie.
Utiliser un langage respectueux : Évitez les étiquettes négatives et privilégiez le langage centré sur la personne, comme « une personne ayant un trouble lié à l’usage de substances ». Cela met l’accent sur l’individu, et non sur sa condition.
Soutenir des politiques équitables : Appuyez des lois et programmes qui misent sur le traitement et la réadaptation plutôt que sur la punition.
Célébrer les histoires de rétablissement : Mettez en lumière les récits de résilience et de succès de personnes ayant surmonté une dépendance pour inspirer l’espoir et briser les stéréotypes.
Obtenir de l’aide pour une dépendance
La dépendance est une condition médicale, et non une faiblesse de caractère. Si vous ou quelqu’un que vous connaissez vivez avec une dépendance, demander de l’aide est une étape importante. Plusieurs options s’offrent à vous :
Counseling individuel : Des séances en tête-à-tête avec un conseiller pour discuter des défis, apprendre de nouvelles stratégies d’adaptation et établir un plan de rétablissement.
Prévention de la rechute : Des méthodes pour identifier les déclencheurs et gérer les envies. Par exemple, si le stress est un déclencheur, une personne pourrait pratiquer la respiration profonde, faire une marche ou éviter les endroits liés à ses comportements passés.
Ressources communautaires : Se connecter à des groupes de soutien locaux, communautaires ou confessionnels peut renforcer le rétablissement.
Référence vers un centre de désintoxication ou un programme résidentiel : Si un soutien plus intensif est nécessaire, une personne peut être dirigée vers un centre où elle pourra se rétablir dans un environnement sécuritaire et structuré.
Groupes de soutien en 12 étapes : Joignez un groupe comme Alcooliques Anonymes, Narcotiques Anonymes ou SMART Recovery, où les gens partagent leurs expériences et s’épaulent mutuellement dans leur parcours de rétablissement.
Si la consommation de substances affecte votre vie ou celle de quelqu’un d’autre, de l’aide est disponible. Parlez à votre médecin, à un professionnel qualifié ou à des organismes communautaires pour explorer vos options. Vous pouvez aussi communiquer avec votre Programme d’aide aux employés et à la famille (PAEF) pour obtenir des conseils et des ressources. Vous n’êtes pas seul.
Si vous soupçonnez qu’une personne fait une surdose et que sa vie est en danger, composez le 911 ou rendez-vous immédiatement aux urgences.